Ramana Maharshi est un des maîtres de l'Advaita Vedānta né le 30 décembre 1879 et mort le 14 avril 1950.
Son enseignement est essentiellement centré sur le Soi et la question "Qui suis-je ?".
Il est considéré comme l'un des grands maîtres traditionnels de cette école philosophique du Vedānta.
L’Advaita Vedānta est probablement la mieux connue des écoles philosophiques du Vedānta, les autres étant, entre autres, Dvaita et viśiṣṭādvaitavāda (six en tout).
Advaita signifie littéralement « non deux » et se traduit le plus souvent par non-dualité, dans la mesure où son principe fondamental affirme la non différenciation de l'individualité ou l'âme individuelle (jīvātman) et de la Totalité (Brahman) qui est neutre.
Les principaux textes sur lesquels s'appuie le Vedānta (littéralement « l'aboutissement du Veda ») sont les Upaniṣad, dont douze ou treize en particulier terminent le Veda, les Brahma Sūtra (également connus sous le nom de Vedānta-Sūtra), qui sont des interprétations des Upanishad et enfin la Bhagavad-Gītā. Ces trois textes sont connus sous le terme sanskrit de prasthāna qui signifie « fondement (du système philosophique du Vedānta) ».
Bhagavad Gîtâ : présentation par Swamini Umananda
BIOGRAPHIE
Venkatarama est né dans un village près de Madurai, Tiruchuli, dans le sud de l’Inde, au Tamil Nadu en 1879. Son père qui était magistrat et brahmane avait la réputation d’être très charitable. L’enfant apprit des rudiments d’anglais à l’école de missionnaires américains. Il aimait le jeu, les sports et ne témoignait d’aucun intérêt spécial pour la religion ou la philosophie.
Mais il avait des accès de somnambulisme suivis d’un sommeil si profond que ses camarades pouvaient le battre sans qu’il se réveillât. Un jour un parent venu chez lui en visite lui raconta qu’il revenait d’un pèlerinage à un grand temple situé au pied d’une colline, nommée Arunachala qui surplombe la petite ville de Thiruvanamalaï dans le Tamil Nadu. Le nom de ce lieu fit une profonde impression sur lui.
En juin 1896, alors qu'il avait seize ans et qu'il se trouvait seul dans une chambre au domicile de son oncle, Venkataramana fut saisi par une soudaine terreur de mourir. Il questionna avec une intensité extrême ce que signifiait pour lui d’être mort. Il connut alors une extase consciente où il toucha aux véritables sources du moi, à l’essence même de l’être.
Cette expérience mystique le transforma complètement, il perdit toute trace de peur ou de désir pour quoi que ce soit et réalisa avec une clarté extrême la distinction entre le corps mortel et la conscience immortelle, autrement dit entre l'existence éphémère de la personnalité et la Vie impersonnelle.
Il rechercha dès lors la solitude afin de s’y livrer à la méditation et de retrouver le courant de vie intérieure dans lequel il s’absorbait.
Ayant perdu tout intérêt pour les choses du monde, il s’enfuit de chez lui pour se rendre à Arunachala. Il resta dans le temple pendant six mois durant lesquels il restait plongé dans une profonde méditation.
En raison du flot ininterrompu de pèlerins qui venaient faire leurs dévotions au temple, il chercha un lieu plus solitaire. Il se retira dans un petit sanctuaire puis, durant des années, dans une grotte de la colline d'Arunachala, toujours abîmé dans la méditation. Il vécut ainsi en ermite, mendiant à l'occasion un bol de riz, comme c'est l'usage en Inde, sans jamais tenter de convaincre personne ni d'enseigner quoi que ce soit. Un dévot, touché de sa ferveur, s’attacha spontanément à lui et, durant des années, veilla sur lui.
Un jour il reçut la visite d’un illustre pandit appelé Ganapati Shastri, visite qui inaugura ce que l’on peut appeler la vie publique du Maharishi. Reconnaissant en Venkatarama un grand Sage ou Maharishi, il le supplia de l’accepter comme disciple. C’est à partir de ce moment que le titre de Maharishi commença à être donné à Ramana.
Un petit groupe de disciples se forma autour de lui, c’est eux qui construisirent un bungalow sur la colline puis un ashram. Sa réputation grandit dans tout le pays. Les dévots reconnurent en lui un Jivan Mukta, un libéré vivant ayant atteint le but dont parlent les écritures sacrées.
Il devint, sans l'avoir voulu ni refusé, le maître de milliers de disciples qui virent en lui l'un des plus grands sages que l'Inde eût connu. Dans toute l'Inde contemporaine, il fut désormais connu sous le nom de Sri Ramana Maharishi.
La colline d'Arunachala
Photo de Sri Ramana Maharshi devant sa grotte
SON ENSEIGNEMENT
Selon Ramana Maharshi le corps physique et ses fonctions auquel nous nous identifions est sans importance. Seul le Soi qui est la pure conscience d'être doit-être trouvé grâce à l'enquête incessante: « Qui-suis-je? » (Atma Vichara).
Le Soi (Ātman) est silence, imperceptible par les sens et inconcevable par l'intellect. C'est cette présence absolue qui seule Est et demeure immuable. Tandis que tout se forme, se transforme et se déforme dans l'univers, "Cela" ne meurt pas, ne nait pas et demeure en chacun. Chacun de nous répète sans cesse "Je", à toute heure du jour, sans s'interroger sur la source de ce sentiment d'être et en l'attribuant au corps, en raison d'une investigation superficielle de la question.
Or c'est tout le contraire, la "Conscience en Soi", c'est-à-dire en elle-même, ce que nous pourrions appeler la "Conscienceté", indépendamment de la "conscience de", est en vérité la source invisible de tout.
Cette Réalisation peut se faire au cours de l'existence et met fin à la souffrance qui n'est autre que l'effet de l'ignorance de qui nous sommes.
Le Maharshi exhortait tous ceux qui l'écoutaient à se poser inlassablement la question « Qui suis-je? », indiquant ainsi la direction que le chercheur doit prendre pour couper la racine même de l'Illusion (Mâyâ) associée à l'identification avec le "Je" (Jiva ou encore Ahamkara).
Il est le plus grand mystique de l'Inde du XXe siècle. Les pères Henri Le Saux et Jules Monchanin ont reçu le darshan de Ramana Maharishi en 1950, peu avant sa mort.
Bhagawan Ramana Maharshi video rare
L'Evangile de Ramana Maharshi. (extraits)
Tout être vivant aspire à un bonheur qu'aucune souffrance ne troublera ; et chacun éprouve le plus grand amour pour soi-même. La cause de cet amour est seul le bonheur.
Aussi, afin d'atteindre ce bonheur, qui est notre nature véritable et que nous éprouvons chaque nuit dans le sommeil profond lorsque le mental est absent, chacun doit se connaître soi-même.
La meilleure méthode pour y parvenir est la voie de la Connaissance, la quête du Soi par la question " Qui suis-je ? ".
1. Qui suis-je ?
Je ne suis pas ce corps physique, constitué des sept éléments subtils [dhatus], ni les cinq organes de perception sensoriels, c'est-à-dire l'oreille, l'œil, la langue, le nez et la peau, et leurs fonctions correspondantes : l'ouïe, la vue, le goût, l'odorat et le toucher. Je ne suis pas les cinq organes d'activité, c'est-à-dire l'organe de la voix, les mains et les pieds, l'organe de la procréation et l'anus, et leurs fonctions respectives : le langage, les mouvements du corps physique, la jouissance et l'excrétion. Je ne suis pas les cinq forces vitales [prana, vyana, samana, apana, udana], qui permettent d'accomplir leurs fonctions correspondantes. Même l'esprit pensant, je ne le suis pas ; et pas non plus cet état d'ignorance dans lequel ne se trouvent que les impressions des objets, et non les objets eux-mêmes et leurs fonctions.
2. Si je ne suis rien de cela, qui suis-je alors ?
Après avoir rejeté tout ce qui a été mentionné ci-dessus comme n'etant " ni ceci ni cela ", cette pure Conscience qui seule demeure - CELA je suis.
3. Quelle est la nature de la pure Conscience ?
La nature de la pure Conscience est Etre-Conscience-Félicité [sat-chit-ananda].
4. Le Soi, quand sera-t-il réalisé ?
Lorsque le monde, ou ce qui est vu, aura disparu, le Soi, ou celui qui voit, sera réalisé.
5. Peut-on réaliser le Soi tout en prenant le monde pour réel ?
Non, ce n'est pas possible.
6. Pourquoi ?
Celui qui voit et ce qui est vu sont comme la corde et le serpent [dans cette analogie, un homme voit une corde au crépuscule, la prend pour un serpent et s'effraye. Le serpent lui paraît parfaitement réel, mais son existence est illusoire, elle n'est fondée sur aucune réalité]. De même que la réalité de la corde, qui est le substrat, ne peut être perçue sans que ne s'évanouisse la perception illusoire du serpent, ainsi la réalisation du Soi, le substrat, ne peut être obtenue tant que perdure la croyance dans la réalité du monde.
7. Quand est-ce que le monde, en tant qu'objet visible disparaîtra-t-il ?
Le monde disparaîtra lorsque le mental, cause de toutes les perceptions et actions, sera en repos.
8. Quelle est la nature du mental ?
Ce qui est appelé " mental " est une merveilleuse force inhérente au Soi par laquelle toutes les pensées s'éveillent. En dehors des pensées le mental n'existe pas. Aussi la pensée constitue-elle la nature du mental. en dehors des pensées il n'y a pas d'entité indépendante appelée " monde ". Dans le sommeil profond il n'y a ni pensée ni monde. Dans les états de veille et de rêve les pensées sont présentes, ainsi que le monde. Tout comme l'araignée tire d'elle-même le fil [de la toile] et le résorbe en elle-même, le mental projette le monde en dehors de lui-même et le résorbe en lui-même. Quand le mental émerge du Soi, le monde se manifeste. Ainsi, lorsque le monde apparaît [comme réel], le Soi n'apparaît pas ; et lorsque le Soi apparait [ou resplendit], le monde n'apparaît pas. Si l'on s'interroge assidument sur la nature du mental, celui-ci finira par disparaître, laissant seul le Soi resplendissant. Ce qui est désigné comme le Soi est l'Atman. Le mental ne peut exister indépendamment du monde grossier ; il ne peut subsister par lui-même. C'est le mental qu'on appelle corps subtil ou âme [jiva].
9. En quoi consiste la voie de l'investigation sur la nature du mental ?
Ce qui s'élève dans ce corps en tant que " je " est le mental. Si l'on interroge d'où émerge en premier lieu la pensée " je " dans le corps, on découvrira que c'est du Cœur.
C'est là la source du mental. Même en pensant continuellement " je, je ", on sera conduit à cet endroit. La pensée " je " est la première de toutes les pensées qui apparaissent dans le mental.
Ce n'est qu'après sa naissance que les autres pensées s'élèvent. En d'autres termes, ce n'est qu'après l'apparition du premier pronom personnel que le deuxième et le troisième pronom apparaissent ; en l'absence du premier, le deuxième et le troisième ne peuvent exister.
10. Comment le mental peut-il devenir tranquille ?
Par l'investigation " Qui suis-je ? ". La pensée " Qui suis-je ? " détruira toutes autres pensées, et, semblable au bâton qu'on utilise pour remuer le bûcher, elle sera finalement détruite. C'est alors que surviendra la réalisation du Soi.
11. Par quel moyen peut-on toujours se maintenir dans la pensée
" Qui suis-je " ?
Lorsque des pensées surgissent, au lieu de les suivre, on doit plutôt se demander : " À qui sont-elles venues ? ". Peu importe le nombre de pensées qui s'élèvent ainsi. Si vous vous demandez à chaque fois : " À qui cette pensée est-elle venue ? ", la réponse sera : " À moi ".
Si vous poursuivez alors l'interrogation " Qui suis-je ? ", le mental retournera à sa source et la pensée qui venait de surgir s'évanouira. En persévérant ainsi dans cette pratique, le mental développera peu à peu la capacité de demeurer dans sa source.
Lorsque le mental subtil émerge en passant par le cerveau et les organes sensoriels, des noms et des formes du monde grossier sont perçus ; quand il s'établit dans le Cœur, les noms et les formes disparaissent.
Ne pas laisser le mental s'extérioriser, mais le maintenir dans le Cœur est ce qu'on appelle " intériorisation " [antar-mukha]. Si le mental quitte le Coeur, on appelle cela " extériorisation " [bahir-mukha]. Ainsi, quand le mental demeure dans le Cœur, le " je ", origine de toutes les pensées, s'evanouit, et le Soi toujours présent resplendit. Quoique l'on fasse, on doit le faire sans le " je " de l'ego. Si l'on agit de telle manière, on s'apercevra que tout est la nature de Shiva [Dieu].
12. N'existe-t-il pas d'autres moyens pour apaiser le mental ?
Il n'y a que l'investigation intérieure comme moyen adéquat. Si l'on s'efforce de maîtriser le mental par d'autres moyens, il ne sera maîtrisé qu'en apparence, car il s'élèvera à nouveau.
Le mental peut aussi être apaisé par le contrôle de la respiration., mais cela ne dure que le temps du contrôle de celle-ci ; quand elle reprend, le mental commence à s'agiter et à errer par la force de ses impressions latentes. Le mental et la respiration ont la même source. Le mental est constitué de pensées. La pensée " je " est la première pensée du mental ; c'est l'ego.
L'ego a son origine à l'endroit même d'où s'élève la respiration. Ainsi, quand le mental devient tranquille, le respiration est contrôlée ; est inversement, quand la respiration est contrôlée, le mental devient tranquille.
Mais dans le sommeil profond, bien que le mental s'efface, la respiration ne cesse pas pour autant.
Ceci est dû à la volonté divine et a pour but de protéger le corps et d'éviter qu'il meure. Dans l'état de veille et dans le samadhi [absorption totale dans la contemplation], lorsque le mental est tranquille, la respiration est tranquille aussi. Le souffle est la forme grossière du mental. Jusqu'au moment de la mort, le mental garde le souffle dans le corps ; et quand le corps meurt, le mental emmène le souffle avec lui.
Par conséquent, la pratique du contrôle de la respiration n'est qu'une aide pour dompter le mental [manonigraha] ; elle n'apporte pas l'extinction du mental [manonasa].
Toute comme la pratique du contrôle de la respiration, la méditation sur une forme de Dieu, la répétition de mantras, le régime alimentaire etc., ne sont que des aides pour apaiser le mental.
Par la méditation sur des images de Dieu et par la répétition de mantras, le mental acquiert la concentration ; car la nature du mental est précisément d'errer. Tout comme la trompe d'un éléphant cesse de s'agiter lorsque'il tient une chaîne, ne cherchant plus alors à saisir autre chose, de même le mental, quand il est occupé à méditer sur des noms et des formes, ne s'intéresse à rien d'autre.
Quand le mental se déploie sous forme d'innombrables pensées, chacune d'elles finit par s'affaiblir. Quand, au contraire, les pensées s'évanouissent, le mental se fixe sur un seul but et devient fort. Pour un tel mental la recherche du Soi devient facile.
De toutes les règles de conduite, celle d'un régime restreint à la nourriture sattvique [pure], en quantité modérée, est la meilleure. En observant cette règle, la qualité sattvique du mental se développe et cela favorise la pratique de la recherche du Soi.
13. Les impressions résiduelles [les pensées] relatives aux objets apparaissent, interminablement, telles les vagues de l'océan. Quand seront-elles toutes détruites ?
Par la méditation de plus en plus intense, les pensées seront finalement détruites.
14. Est-il possible pour ces impressions, formées depuis des temps immémoriaux, de se résorber, afin que l'on demeure le pur Soi ?
Il est indispensable de toujours persévvérer dans la méditation sur le Soi, sans laisser place au doute : " Est-ce possible, ou non ? ". Aussi pêcheur que l'on puisse être, il ne sert à rien de se tourmenter et de pleurer : " Oh, je suis un pêcheur, comment puis-je être sauvé ? ". Si l'on renonce à la pensée " Je suis un pêcheur " et si l'on reste profondément centré dans la méditation sur le Soi, le succès est assuré. Il n'y pas deux mentaux, un qui serait bon et un qui serait mauvais ; il n'y a qu'un seul mental. Ce ne sont que les impressions résiduelles qui sont de deux sortes : favorables et défavorable. Quand le mental est sous l'influence des impressions favorables, on le considère comme bon, sous des impressions défavorables, il est dit mauvais.
On ne devrait pas se tourner vers les choses du monde et se mêler des affaires des autres. Aussi mauvais que certains êtres puissent paraître, il ne faudrait pas les haïr pour autant. Le désir doit être évité au même titre que la haine. Tout ce que l'on donne à autrui, on se le donne à soi-même. Sachant que telle est la vérité, comment peut-on encore refuser quoi ce soit à son prochain ? Si l'ego se manifeste, tout se manifeste ; si l'ego s'apaise, tout s'apaise. À mesure que nous nous conduisons avec humilité, le bien s'établit. Une fois le mental apaisé, peu importe le lieu où l'on vit.
15. Combien de temps doit-on pratiquer l'investigation ?
Aussi longtemps que des impressions d'objets demeurent dans le mental, il est nécessaire de poursuivre l'investigation " Qui suis-je ? ". Dès que les pensées se manifestent, elles doivent êtres détruites à l'endroit même de leur origine par l'investigation. Se livrer sans interruption à la contemplation du Soi, jusqu'à ce qu'il soit réalisé, cela seul suffirait. Mais tant que la fortresse est occupée par les ennemis, ceux-ci tenteront de se lancer au dehors ; si, au moment où ils s'élancent, ils sont anéantis, la fortresse tombera dans nos mains.
16. Quelle est la nature du Soi ?
En vérité, seul le Soi existe. Le monde, l'âme individuelle et Dieu ne sont que des apparences dans le Soi, comparable à l'argent dans la nacre. Ils apparaissent et disparaissent simultanément. Le Soi est là où il n'y a pas la moindre pensée " je ". Cela est appelé " Silence ". Le Soi lui-même est le monde ; le Soi est " je " ; le Soi est Dieu ; tout est Shiva, le Soi.
17. Tout n'est-il pas l'œuvre de Dieu ?
Le soleil se lève sans désir, sans intention ni effort ; et par sa simple présence, la pierre émet de la chaleur, le lotus fleurit, l'eau s'évapore et les hommes accomplissent leurs tâches diverses et variées, puis se reposent. De même qu'en présence de l'aimant l'aiguille se met à bouger, ainsi, par le pouvoir de la présence de Dieu, les âmes, gouvernées par les trois fonctions cosmiques [création, conservation, destruction] ou la quintuple activité divine, accomplissent leurs actions, puis se reposent, conformément à leur karma. Dieu n'a pas d'intention et aucun karma n'adhère à Lui ; tout comme le soleil qui reste insensible aux activités du monde, ou l'éther qui se répand partout sans être influencé par les aspects positifs ou négatifs des quatre autres éléments.
18. Qui parmi les adorateurs est le plus grand ?
Celui qui s'abandonne au Soi, ou Dieu, est l'adorateur le plus parfait. s'abandonner à Dieu signifie demeurer fermement dans le Soi, sans laisser la place à une autre pensée que celle du Soi.
Tout fardeau que nous remettons à Dieu, Il le portera. Puisque le pouvoir suprême de Dieu anime tout, pourquoi ne pas nous y soumettre, plutôt que de nous tracasser pour ce qui doit être accompli et comment il le sera. Sachant que le train transporte toute lourde charge, pourquoi devrions nous continuer à porter nos bagages sur les genoux, pour notre plus grand inconfort, au lieu de les poser à terre dans le train et d'être à l'aise ?
19. Qu'est-ce que le non-attachement ?
Le non-attachement signifie la destruction des pensées à l'endoit même où elles naissent, et ce, sans laisser aucune trace. Toute comme le pêcheur de perles attache des pierres à sa taille et plonge au fond de la mer pour s'emparer des perles, de même chacun de nous devrait se munir du non-attachement, plonger en lui-même et obtenir la Perle du Soi.
20. Est-il possible pour Dieu et le Guru de provoquer la libération de l'âme ?
Dieu et le Guru ne font que montrer le chemin vers la libération. Ils ne conduisent pas d'eux-mêmes l'âme à l'état de libération.
En vérité, Dieu et le Guru ne sont pas distincts. De même que la proie tombée entre les mâchoires du tigre ne pourra s'échapper, ceux qui sont tombée sous le regard de grâce du Guru seront sauvés par lui et ne se perdront plus ; cependant, chacun doit, par son propre effort, poursuivre la voie que Dieu ou le Guru lui a indiqué pour obtenir la libération. Se connaître soi-même n'est possible que par son propre œil de connaissance et non avec celui d'autrui. Un homme du nom de Rama a-t-il besoin d'un miroir pour savoir qu'il est Rama ?
21. Est-il nécessaire pour celui qui aspire à la libération d'explorer la nature des différents tattva [principes fondamentaux de la manifestation]?
De même qu'on n'éprouve pas le besoin d'examiner une par une les ordures avant de les jeter, il n'est pas nécessaire pour celui qui désire connaître le Soi de compter le nombre de tattva ou de s'intéresser à leurs caractéristiques ; il lui faut plutôt rejeter tous les tattva qui lui cachent le Soi. Le monde doit être considéré comme un rêve.
22. N'y a-t-il pas de différence entre l'état de veille et l'état de rêve ?
L'état de veille est long, l'état de rêve est court ; il n'y a pas autres différences. Les événements du rêve paraissent tout aussi réels quand on rêve que ceux de l'état de veille paraissent réels quand on est éveillé. Dans le rêve, le mental revêt un autre corps. Les pensées, les noms et les formes apparaissent simultanément aussi bien dans l'état de veille que dans l'état de rêve.
23. Les études livresques sont-elles de quelque utilité pour ceux qui aspirent à la libération ?
Toutes les Écritures sont d'accord sur le fait que, pour obtenir la libération, le mental doit être tranquille ; une fois que l'on a compris que l'essence de leur enseignement est de rendre le mental tranquille, il devient futile de faire des études interminables. Pour arriver à une telle tranquillité, il suffit de chercher en soi-même ce qu'est la nature du Soi. Cette recherche, comment peut-on la mener dans les livres ? On ne peut connaître le Soi que grâce à son propre œil de Sagesse. Le Soi se trouve à l'intérieur des cinq enveloppes [cinq kosha : nourriture, force vitale, mental, intellect, félicité], mais les livres se trouvent en dehors d'elles. Puisque le Soi doit être scruté en rejetant les cinq enveloppes, il serait futile de Le chercher dans les livres. Arrivera le moment où il faudra oublier tout ce que l'on a appris.
24. Qu'est-ce que le bonheur ?
Le bonheur est la nature même du Soi ; le Soi et le bonheur ne sont pas distincts. Le bonheur ne se trouve dans aucun objet du monde. Du fait de notre ignorance nous croyons que les objets nous procurent le bonheur. Quand le mental s'extériorise, il éprouve de la souffrance. En vérité, ses désirs une fois satisfaits, il retourne à sa source et jouit du bonheur qui n'est autre que le Soi. De la même manière, dans les états de sommeil, de samadhi et d'évanouissement, et quand l'objet désiré est obtenu ou l'objet indésirable éliminé, le mental se tourne vers l'intérieur et jouit du pur bonheur du Soi.
Ainsi le mental erre sans cesse, tantôt il abandonne le Soi, tantôt il y retourne. Il est agréable d'être à l'ombre d'un arbre ; dehors, la chaleur du soleil est brûlante. Quand on s'est promené sous le soleil, on apprécie la fraîcheur de l'ombre. Celui qui n'arrête pas de passer de l'ombre au soleil et du soleil à l'ombre est un insensé. Celui qui est avisé reste toujours à l'ombre. De même, le mental de celui qui connait la vérité ne quitte jamais le Brahman [la réalité impersonnelle absolue].
Le mental de l'ignorant, au contraire, se mêle aux choses du monde et, se sentant misérable, il retourne vers le Brahman un court instant afin de goûter le bonheur. En fait, ce qui est appelé monde n'est autre que pensées. Quand le monde disparaît, c'est-à-dire quand il n'y a pas de pensées, le mental fait l'expérience du bonheur ; inversement, quand le monde apparaît, il éprouve douleur et souffrance.
25. Qu'est-ce que la vision de la Sagesse [jnâna-drishti] ?
Rester tranquille est ce qu'on appelle la vision de la Sagesse. Rester tranquille, c'est laisser le mental se résorber dans le Soi. Télépathie, clairvoyance et connaissance du passé, du présent et de l'avenir n'ont rien à voir avec la vision de la Sagesse.
26. Quelle est la relation entre l'état sans désir et Sagesse ?
L'état sans désir est Sagesse. Tous deux ne sont pas distincts ; ils sont un et le même. L'absence de désir veut dire le mental n'est plus tourné vers les objets. La Sagesse signifie qu'aucun objet n'apparait dans la conscience. En d'autres termes, ne pas chercher autre chose que le Soi signifie détachement ou absence de désir ; ne pas quitter le Soi est Sagesse.
27. Quelle et la différence entre investigation et méditation ?
L'investigation, c'est maintenir le mental dans le Soi. La méditation consiste à penser " Je suis Brahman, Etre-Conscience-Félicité ".
28. Qu'est-ce que la libération ?
Scruter la nature de son soi limité et réaliser sa véritable nature, cela est la libération.
Sources : Inner quest
INSTRUCTIONS
La quintessence de l’enseignement de Ramana Maharshi se trouve dans le petit livre intitulé « Qui suis-je ? ». Il contient la première série d’instructions données par Ramana Maharshi, basées sur sa propre expérience de la réalisation du Soi. La série de questions initiale fut posée par Sivaprakasam Pillai et fut ensuite présentée par Ramana Maharshi lui-même sous forme de prose.
Chacun peut prendre conscience de la puissance de cet enseignement, à condition de le mettre en pratique. Dans L’Enseignement de Ramana Maharshi (Talks) nous lisons : « [qu’on recherche] à qui appartiennent les pensées.
D’où proviennent-elles ?
Elles doivent surgir du Soi conscient. S’en rendre compte, même vaguement, favorise l’élimination de l’ego. Par la suite, la réalisation de l’Existence unique et infinie devient possible. Dans cet état, il n’y a pas d’autres individus, il ne reste que l’Existence éternelle. Aussi ne pense-t-on ni à la mort ni à la souffrance ».
L’enseignement intégral peut être téléchargé ici : « Qui suis-je ». Voici une version abrégée pour faciliter l’usage.
Qui suis-je ?
Tout être vivant aspire à un bonheur qu’aucune souffrance ne troublerait ; et chacun éprouve le plus grand amour pour lui-même ; ce qui est dû uniquement au fait que le bonheur est sa nature véritable. De là, afin d’atteindre ce bonheur intrinsèque et pur que nous éprouvons chaque nuit dans le sommeil profond lorsque le mental est endormi, il est essentiel de se connaître soi-même. La meilleure méthode pour y parvenir est la voie de la Connaissance, la quête du Soi par la question « Qui suis-je ? .».
« Qui suis-je ? » Je suis pure Conscience. Cette Conscience est par nature-même Etre-Conscience-Félicité (sat-chit-ânanda). Le mental est l’outil du savoir et la base de toute activité ; si le mental se retire, la perception du monde en tant que réalité objective cesse. L’analogie suivante est souvent utilisée dans l’Advaita : un homme voit une corde au crépuscule, la prend pour un serpent et s’effraye sans raison. La corde sur laquelle l’illusion se forme n’est pas perçue en tant que corde, jusqu’à ce que cette illusion s’évanouisse...
De même, on ne peut avoir la vision de la vraie nature du Soi, sur lequel les illusions se forment, à moins que ne cesse cette perception illusoire du monde en tant que réalité objective.
Ce qui est appelé « mental » est une merveilleuse force inhérente au Soi par laquelle toutes les pensées s’éveillent. En dehors des pensées, le mental n’existe pas. Aussi la pensée constitue-t-elle la nature du mental. En dehors des pensées, il n’y a pas d’entité séparée appelée « monde ». Dans le sommeil profond il n’y a pas de pensée, et donc pas de monde. Dans les états de veille et de rêve, les pensées sont présentes, ainsi que le monde.
Tout comme l’araignée tire d’elle-même le fil (de la toile) et le résorbe en elle-même, le mental projette le monde en dehors de lui-même et le résorbe en lui-même. Quand le mental émerge du Soi, le monde se manifeste. Ainsi, lorsque le monde apparaît (comme réel), le Soi n’apparaît pas ; et lorsque le Soi apparaît (ou resplendit), le monde n’apparaît pas. Si l’on s’interroge assidûment sur la nature du mental, celui-ci finira par se retirer, il ne restera que le Soi. Ce qui est désigné comme le Soi est l’âtman. Le mental ne peut exister indépendamment de quelque chose de grossier (le corps physique) ; il ne peut exister par lui-même. C’est le mental qu’on appelle corps subtil ou âme (jîva). Ce qui s’élève dans ce corps en tant que « je » est le mental. Si l’on cherche à savoir d’où, dans le corps, émerge en premier la pensée « je », on découvrira que c’est du Cœur. C’est là la source du mental. Même en pensant continuellement « je, je », on sera conduit à cet endroit. La pensée « je » est la première de toutes les pensées qui apparaissent dans le mental. Ce n’est qu’après sa naissance que les autres pensées s’élèvent.
La pensée « Qui suis-je ? » détruira toutes les autres pensées et, comme le bâton qu’on utilise pour tisonner le bûcher funéraire, elle sera, elle aussi, finalement brûlée elle-même. C’est alors que surviendra la réalisation du Soi. Lorsque d’autres pensées surgissent, au lieu de les suivre, on devrait se demander avec persévérance : « A qui sont-elles venues ? ». Peu importe le nombre de pensées qui s’élèvent ainsi. Chaque fois qu’une pensée arrive, on devrait s’interroger vivement : « A qui cette pensée est-elle venue ? », la réponse serait : « A moi ». Et là, si on se demande « Qui suis-je ? », le mental retournera à sa source et la pensée qui venait de surgir s’évanouira.
En persévérant ainsi dans cette pratique, le mental développera peu à peu la capacité de demeurer dans sa source. Lorsque le mental, qui est subtil, passe par le cerveau et les organes des sens, il apparaît des noms et des formes grossières ; lorsque le mental reste dans le Cœur, ces noms et ces formes disparaissent. Ce qu’on appelle « intériorisation » consiste à ne pas laisser le mental s’échapper, mais à le retenir dans le Cœur. L’« extériorisation », c’est de laisser le mental sortir du Cœur. Ainsi, quand le mental demeure dans le Cœur, le ‘je’, origine de toutes les pensées, s’évanouit et le Soi toujours présent resplendit.
Il n’y a que l’investigation intérieure comme moyen adéquat pour faire que le mental se retire de façon permanente. Si l’on s’efforce de maîtriser le mental par d’autres moyens, il ne sera maîtrisé qu’en apparence, car il s’élèvera à nouveau. Le mental peut aussi être apaisé par le contrôle de la respiration, mais cela ne dure que le temps du contrôle ; quand elle reprend librement, le mental redevient actif et commence à vagabonder.
Tout comme la pratique du contrôle de la respiration, la méditation sur les représentations de Dieu, la répétition de mantras, le régime alimentaire, etc. ne sont que des aides temporaires pour apaiser le mental. Le mental parvient à cette concentration extrême par la méditation sur des formes de Dieu et par la répétition de mantras. Pour un mental ainsi concentré, la recherche du Soi devient facile.
En observant un régime strict [nourriture sattvic (pure)], on améliore la qualité du mental, ce qui aide à la recherche du Soi. Même un grand pêcheur est assuré de pouvoir s’amender par la pratique zélée de la méditation sur le Soi.
On ne devrait pas permettre au mental d’errer vers les choses de ce bas monde, ni de se mêler des affaires des autres. Aussi mauvais que puissent paraître certains, il ne faudrait pas les haïr pour autant.
Tout ce que l’on donne à autrui, on se le donne à soi-même. Si on a compris cela, comment ne pas vouloir donner à son prochain ?
Si l’ego se manifeste, tout se manifeste ; si l’ego s’apaise, tout s’apaise.
Le bien s’établira en proportion de notre humilité.
Une fois le mental apaisé, on peut vivre n’importe où.
Ce qui existe en vérité, est le Soi seul. Le monde, l’âme individuelle et Dieu ne sont que des apparences dans le Soi, comme l’argent qu’on croit voir dans la nacre. Ils apparaissent et disparaissent simultanément. Le Soi est là où il n’y a pas la moindre pensée « je ». C’est « le Silence ». Le Soi lui-même est le monde ; le Soi lui-même est « je » ; le Soi lui-même est Dieu ; tout est Shiva, le Soi.
Celui qui s’abandonne au Soi, qui est Dieu, est un excellent devotee. S’abandonner à Dieu signifie se souvenir constamment du Soi. Tout fardeau que nous remettons à Dieu, Il le portera. Puisque le pouvoir suprême de Dieu anime tout, pourquoi ne pas nous y soumettre, plutôt que de nous tracasser de ce qui doit ou ne doit pas être accompli, et comment. Sachant que le train transporte tous les bagages, pourquoi nous éreinter à porter nos petits bagages sur la tête, au lieu de les déposer dans le train et d’être à l’aise ?